« Europe : le sursaut, c’est maintenant ! », le texte interdit de débat par le bureau du PS
Un texte déposé par « Maintenant La Gauche, le social au cœur / D&S » ne sera pas présenté à la convention Europe du Parti Socialiste, et pour cause la majorité du Bureau National a refusé que ce texte soit soumis au vote des adhérents.
Le« texte interdit » au PS
Par Gérard
Filoche
La
convention Europe du Parti socialiste se tiendra le 16 juin prochain
à Paris, les votes dans les sections se dérouleront le 6 juin.
Mais
les Socialistes ne pourront pas voter pour le texte que voulaient
déposer Emmanuel Maurel, Gérard Filoche, Marie-Noëlle Lienemann et
les autres camarades du Bureau National, au nom de « Maintenant La
Gauche, le social au cœur », la Motion 3. La majorité du Bureau
National (6 pour, 4 abstentions, 16 contre), le 30 avril, a refusé
que ce texte soit soumis au vote des adhérents.
Pourtant,
dans la circulaire n° 1387 du 17 avril, organisant le déroulement
de cette convention, Harlem Désir, Guillaume Bachelay, Jean-François
Cambadélis et Catherine Trautmann précisaient « Mardi 30 avril
2013 : Enregistrement par le Bureau national du texte soumis au débat
(éventuellement des textes et/ou des amendements) ». Ils n’ont
pas tenu leur engagement.
Les
justifications avancées par Jean-Christophe Cambadélis sont
piteuses : « L’état de la discussion, la situation de notre parti
dans le moment où nous sommes, l’état du pays, le fait d’avoir
pu surmonter plusieurs divergences, tout cela milite pour que nous
ayons un seul texte présenté aux militants ».
C’est
justement « la situation de notre parti dans le moment où nous
sommes » et « l’état du pays » qui militent pour que nous ayons
un débat de fond sur la politique européenne de notre parti.
Ce
n’est pas le débat tronqué entre Jean-Marc Ayrault et Claude
Bartelone sur « faut-il ou non stigmatiser Angela Merkel ? » qui
peut se substituer à un véritable débat de fond auquel pourront
participer tous les adhérents du Parti socialiste.
Dans
le texte interdit au débat, intitulé « Europe : le sursaut, c’est
maintenant ! » nous proposions une réorientation radicale de la
construction européenne pour sauver l’unité européenne :
1- La question sociale avant tout, vers un Traité social européen, vers un Smic européen. |
2- Mettre fin aux politiques d’austérité. Suspendre le pacte de stabilité et le TSCG : la croissance et l’emploi d’abord. |
4- Un véritable plan de relance européen. Ce plan doit articuler des politiques de relance dans chaque Etat-membre et un plan de relance à l’échelle européenne. |
5- Un vrai budget fédéral d’investissement représentant au minimum 5 % du PIB européen (contre 1 %) aujourd’hui, doit être mis en place. |
6- Un « serpent fiscal » européen doit permettre une harmonisation fiscale par le haut et de stopper la concurrence fiscale qui permet aux plus fortunés et aux sociétés d’échapper à l’impôt. |
7- La Banque Centrale européenne doit pouvoir acheter directement lors de leur émission les titres des dettes publiques des Etats de l’UE. Sans que ces Etats aient à subir les « conditionnalités » prévues par le Mécanisme européen de stabilité, c’est-à-dire les plans de destruction sociale qui frappent la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et demain Chypre. La politique de l’« euro cher » qui étouffe les exportations européennes doit cesser. |
8- Un véritable tarif extérieur commun aux frontières de l’Europe doit être mis en place. Il devra prendre appui sur des critères sociaux et environnementaux permettant la préservation de notre modèle social, de l’emploi et de la qualité de vie. La négociation d’un « accord transatlantique » dans laquelle l’industrie européenne à tout à perdre doit être suspendue. |
9- Renouer avec l’ambition industrielle pour un développement durable. |
10- En Europe aussi, « notre adversaire, c’est la finance » ! Les garanties publiques apportées aux banques doivent se limiter au financement de l’économie réelle (environ 22 % du total des bilans des « banques universelles » en France). |
11- L’Union doit se faire démocratiquement, par et pour les citoyens. Les changements de traités doivent faire l’objet d’une Convention dans laquelle les citoyens sont représentés par leurs élus directs au Parlement européen. Les peuples doivent pouvoir les ratifier par référendum. |
Les
électeurs de notre parti, sa base sociale ne se satisferont pas des
belles paroles et des grandes promesses du texte présenté par la
majorité du Bureau national, en totale contradiction avec la réalité
de la politique européenne menée par notre parti et notre
gouvernement. Une politique qui s’aligne sans broncher sur la
politique de la droite européenne et de sa chef de file Angela
Merkel.
Pour
essayer qu’un débat puisse quand même se tenir dans notre parti,
nous faisons partout connaître le texte interdit au débat. Nous
avons essayé, lors du Bureau national du 30 avril, de résumer nos
propositions en quelques amendements. La longueur de ces amendements
a été strictement limitée par la majorité du Bureau National.
Pire,
lorsque nous avons avec Un monde d’avance (UMA, B Hamon, H
Emmanuelli) voulu présenter des amendements communs, le Bureau
national l’a refusé. Nous présenteront donc des amendements
identiques mais séparés ! L’Unité de notre motion (motion 3
maintenant la gauche le social au coeur, E Maurel, G Filoche, MN
Lienemann, J Guedj ) et d’UMA (G Balas,P Cherki, Liem Hoang
Ngoc...) effrayait trop la direction de notre parti.
Voilà
où nous en sommes dans notre parti qui, il y a moins d’un an,
gagnait haut la main les élections présidentielles et les élections
législatives.
Nous
appelons tous les adhérents de notre parti à refuser ce déni de
démocratie et à se battre pour que l’orientation actuelle de la
direction de notre parti soit modifiée !
Gérard
Filoche
Jeudi
2 Mai 2013
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