L’État allemand tire profit de la crise de la zone euro :


41 milliards d'euros d'économies sur les intérêts de la dette


La nouvelle est passée relativement inaperçue dans les médias français, elle est pourtant éclairante : l’État allemand tire des profits financiers substantiels des malheurs des autres pays de la zone euro.

D'après les chiffres publiés par le Ministère des Finances allemand, la crise de la zone euro aura des effets budgétaires plus que positifs pour l'Allemagne : une économie de 41 milliards d'euros dans le paiement des intérêts de la dette, entre 2010 et 2014.

Dans le même temps, selon ce que prétend le Ministère, la crise de la zone euro aurait coûté à l'Allemagne un peu moins de 600 millions d'euros.

La raison de ces gains est simple. Avec la perte de confiance des investisseurs dans les pays de la zone euro touchés par la crise, ces derniers préfèrent s'orienter vers des « valeurs refuges », même beaucoup moins rémunératrices.

Depuis 2000, les taux d'intérêts sur les obligations allemandes ont chuté de 1%, avec un taux à la moitié de l'année 2013 de 1,8% contre 4,4% pour les obligations espagnoles, et 10,1% pour celles grecques.

En 2012, l'Allemagne avait même réussi à emprunter à taux négatif sur des emprunts de courte durée. Une situation paradoxale qui permettait à l'Allemagne de gagner de l'argent sur les prêts qu'elle sollicitait.

Le symbole est fort, il est une preuve éclatante de la domination du capital financier sur l'Union européenne actuelle, avec le rôle que joue l'Euro dans cette hégémonie, cassant les appareils productifs des pays voisins (surtout du Sud) et compressant le « coût du travail », c'est-à-dire les salaires et les droits sociaux, au Nord et surtout en Allemagne.

Des chiffres se passent de commentaires.

L'Allemagne est le seul pays à avoir connu un excédent budgétaire en 2012 : 4 milliards d'euros en 2012, soit 0,2% du PIB. A titre de comparaison, le déficit public s'élève à 4,8% du PIB en France, 10% en Grèce et en Espagne.

Ensuite, l'Allemagne est le seul pays à enregistrer des records d'excédents commerciaux : 188 milliards d'euros en 2012, le deuxième chiffre le plus élevé … depuis 1950.

L'Allemagne a même dépassé pour la première fois en 2011 la barre des 1 000 milliards d'exportations, avec une hausse de 3,7% de leur montant par rapport à l'année précédente.

Il ne convient pourtant pas, comme certains populistes, d'opposer l'Allemagne comme un bloc aux nouvelles « nations prolétaires » du Sud de l'Europe mais bien d'identifier les fractures dans chacun des pays.

En Allemagne, plusieurs millions de travailleurs subissent des formes extrêmes de précarité, celles instituées par les lois « Hartz IV », avec son cortège de « mini-jobs » et autres « jobs à 1 euro », qui ne permettent pas de vivre avec moins de 400 € par mois et maintiennent dans l'indignité sociale.

De quoi rappeler que si la crise profite au capital et à l’État allemand qui le sert, elle n'est certainement pas à l'avantage des travailleurs allemands qui en payent la facture !

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