Même le lait est coté en bourse : Flambée du prix du lait en poudre
il va manquer entre 3 et 5 millions de tonnes de lait" cette année dans le monde
"Au-delà de 3.000 euros la tonne, on rentre dans une zone problématique". Certains pays comme le Nigeria ou l'Algérie, risquent ne pas pouvoir suivre. Et dans toute l'Asie, on peut craindre de se mettre à manquer.
Quand mettrons nous fin à la spéculation sur l'alimentation... et au gaspillage des terres cultivables. Les marchés affament la planètes.
Entre sécheresses et scandales, razzia mondiale sur les laits en poudre
Le
prix du lait repart à la hausse sur le marché mondial suite à
une forte sécheresse chez les principaux exportateurs. Au point
d'inquiéter l'Asie et surtout la Chine et d'alimenter de petits
trafics de boîtes de lait pour bébé.
Le
manque d'herbe pour alimenter les vaches néo-zélandaises va se
payer cher dans le biberon car les vertes collines australes
exportent 90% de leur production.
Or
à ce stade, la collecte de lait est en baisse de 7% environ depuis
le début de l'année, indique l'économiste Gérard You, spécialiste
des marchés laitiers à l'Institut de l'élevage à Paris: à la
louche, estime-t-il, "il va manquer entre 3 et 5 millions de
tonnes de lait" cette année dans le monde.
"Cinq
pays ou régions assurent 80 à 85% des ventes mondiales: dans
l'ordre, Nouvelle-Zélande, Union européenne, Etats-Unis, Australie
et Argentine" explique l'expert. Or tous, pour des raisons
climatiques ou de choix, connaissent des situations difficiles sur le
premier trimestre 2013.
L'Argentine
cumule des excès climatiques (sécheresse et pluies) alors qu'elle a
converti certaines prairies à la culture, juteuse, du soja. L'UE
aussi voit sa collecte baisser - malgré les difficultés des
éleveurs français à obtenir des hausses de prix.
"Parler
de pénurie, c'est un peu fort, mais l'effet sur les cours est
certain" ajoute M. You, qui envisage une hausse de "25%
voire davantage" sur l'année.
Déjà,
les volumes d'enchères sur la plateforme internationale
GlobalDairyTrade, lancée par le géant néo-zélandais Fonterra, ont
augmenté de 33% en six semaines, prévient-il.
La
poudre de lait maigre en provenance de Nouvelle-Zélande se vendait
vendredi autour de 4.000 euros [la tonne ](5.100 dollars), en
hausse de 60% depuis le début de l'année: de quoi inquiéter
l'Asie qu'elle ravitaille, en particulier la Chine traumatisée par
les fraudes alimentaires depuis le scandale du lait à la mélamine,
en 2008, qui avait tué six bébés et affecté 300.000 autres.
Nouveau
scandale fin mars, avec près de 25 tonnes de lait en poudre frelaté
saisies dans l'est du pays.
"2008
a constitué un tournant. Les importations de poudre de lait ont été
multipliées par 4 depuis: les marques étrangères, c'est une
garantie de sécurité malgré un prix supérieur d'un tiers à
l'équivalent local", indique Jean-Marc Chaulet à l'Institut de
l'élevage, spécialiste de la Chine et éditeur d'une lettre
spécialisée, Idele-Chine.
La
Chine est devenue en quelques années le premier marché mondial du
lait manufacturé, qui tournait en 2012 autour du million de tonnes
en poudre, entres les poudres et le lactosérum.
Entre
la peur de manquer et celle des contrefaçons, les touristes chinois
en Europe se sont mis à dévaliser les rayons pour rapporter des
boîtes de lait infantile: le phénomène, observé ces jours-ci à
Londres, semble toucher désormais Paris, surtout les quartiers
proches des Grands magasins.
"Les
Chinois cherchent à s'approvisionner directement dans les pays
occidentaux via les voyageurs, chinois ou étrangers", rapporte
Gérard Calbrix, économiste de l'ATLA, l'association des industries
laitières françaises.
Mais
les familles s'approvisionnent aussi par internet, auprès de sites,
australiens notamment, qui se chargent également d'expédier le lait
par colis postaux en Chine. Et le trafic passe aussi par les
voyageurs du train entre Hong Kong et la Chine continentale. "Au
point que les autorités chinoises ont limité les quantités de lait
qu'ils peuvent rapporter et les fouillent dans les trains".
Cette
razzia sur le lait disponible, sur fond réel de baisse de la
collecte mondiale, va finir par poser problème.
"Au-delà
de 3.000 euros la tonne, on rentre dans une zone problématique",
prévient Gérard You. Certains pays comme le Nigeria ou l'Algérie,
risquent ne pas pouvoir suivre. Et dans toute l'Asie, on peut
craindre de se mettre à manquer.
Science
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