Grande Bretagne : God save the Queen et son pognon...


Au Royaume-Uni, l'austérité, ça n'est pas pour tout le monde... La famille royale, et surtout Élisabeth II, a beau être au sommet de sa popularité, on a entendu quelques dents grincer à l'annonce du montant de la dotation annuelle des Windsor, juste au moment où les nouvelles coupes dans les aides sociales entrent en vigueur. La reine vient en effet de recevoir une augmentation de 16 % ! Au total, près de 43 millions d'euros de budget annuel pour le train de vie de la famille royale. Mieux que l'année du Jubilé de diamant en 2012.

La reine Elizabeth II, 86 ans, 
a quitté lundi après-midi le King Edward VII Hospital à Londres 
où elle avait été admise dimanche pour une gastroentérite


Et pourtant, si la bourse royale est bien plus rebondie cette année, c'est bien en raison... des actifs associés à la Couronne. Explication : jusqu'ici, Buckingham Palace présentait au Parlement ce qu'on appelait "la liste civile", qui correspond à l'inventaire très soigneux de toutes les dépenses liées aux fonctions royales. De l'entretien des résidences officielles aux visites d'État et autres tournées dans le Commonwealth, en passant par les frais de personnel. Après lecture et éventuellement discussion, le Parlement votait ensuite une somme annuelle à attribuer à la famille royale, fixée pour dix ans.

Trop compliqué, trop long, trop rigide aussi pour la nouvelle majorité des tories. Au rebut, la liste civile ! Le ministre de l'Économie et des Finances George Osborne a mis au point une nouvelle formule : la subvention de la famille royale est désormais alignée sur les résultats du "Crown Estate", le domaine de la Couronne. 15 % des bénéfices annuels sont alloués aux dépenses royales, le reste étant comme d'habitude versé au Trésor public. Autant dire une réforme qui fait les affaires des Windsor.

Flambée des loyers

En effet, le domaine de la Couronne est l'un des plus importants propriétaires fonciers et marins de Grande-Bretagne, d'une valeur dépassant les 9 milliards d'euros. La majorité du portefeuille est urbain, avec des immeubles de prestige disséminés dans le pays, et surtout dans la capitale. Il compte aussi les deux kilomètres de l'une des rues les plus célèbres de Londres : la très commerçante Regent Street, qui s'étend d'Oxford Circus à Piccadilly Circus. Dix mille personnes y travaillent dans plus de 700 petites et moyennes entreprises et plus de 150 restaurants ou commerces de détail.

C'est la flambée des loyers outre-Manche, et notamment dans ce secteur ultra-privilégié et fréquenté, qui a contribué à remplir cette année les caisses du "Crown Estate". Plus surprenant encore, le développement même timide des énergies renouvelables a lui aussi gonflé les bénéfices de la Couronne : plus d'éoliennes offshore, c'est aussi plus de monnaie sonnante et trébuchante pour les Windsor propriétaires, à travers le domaine de la Couronne, des eaux territoriales britanniques.

Les royales dépenses à la loupe

Pas question, pour autant, d'imaginer la famille royale en train de faire sauter les bouchons de champagne à Buckingham Palace pour fêter sa bonne fortune. D'abord, parce que la reine est célèbre pour surveiller comme une sage ménagère économe ses dépenses, notamment de chauffage. Ensuite, parce que la réforme du budget des Windsor a été assortie de celle de sa surveillance.

Et quelle surveillance ! C'est le comité des comptes publics, composé de députés réputés pour être très sévères sur l'usage des deniers publics, qui va désormais éplucher à la loupe toutes les royales dépenses, et cela avec une seule question en tête : est-ce que l'argent dépensé par les têtes couronnées crée de la valeur pour le contribuable britannique ? Pour la première fois dans l'histoire de la monarchie, les majordomes de la cour et autres valets de pied pourraient être appelés à répondre publiquement des activités royales... Une petite révolution !

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