Mgr Gaillot, le pape et la pauvreté


D'une certaine manière Gaillot encense le pape, pas tout à fait mais presque. Une telle réaction ne m'étonne qu'à moitié. S'il veut garder son titre d'évêque il faut bien qu'il fasse des compromis, même avec la vérité... Mgr Gaillot passe allègrement sur le passé douteux de Bergoglio et fait mine de croire que le pape parle sincèrement de pauvreté...

Le nouveau pape a soulevé, en peu de temps, une vague de sympathie dans le monde entier. Ses premiers gestes, ses premières paroles ont donné le ton : simplicité et authenticité. Se présentant d'abord comme l'évêque de Rome, il a souligné qu'il était un évêque parmi les évêques. En prenant le nom de François, il a indiqué qu'il serait un frère en humanité, proche des pauvres.
Comment ne pas se réjouir de ce retour à l'Evangile qui annonce la venue d'un printemps? Comment ne pas percevoir l'actualité du message joyeux et subversif de l'homme de Nazareth ? (1)

En fait Mgr Gaillot et le pape sont probablement sans trop vouloir le dire, sur la même longueur d'onde en ce qui concerne la manière chrétienne d'aborder la question des pauvres.

Cet hiver, invité à rencontrer des étrangers sans papiers en grève de la faim depuis plus d'un mois, je pénétrai sous une grande tente.
Ils étaient une quarantaine, allongés l'un à côté de l'autre, se protégeant du froid par les convertures. Je n'apercevais que leurs visages affaiblis et leurs regards attentifs. Je me suis agenouillé devant chacun, reconnaissant leur dignité. C'était pour moi la célébration du lavement des pieds. (1)

Cette manière de sanctifier la pauvreté n'est pas saine ni même respectueuse des pauvres eux mêmes. Et j'ai toujours rejeté ce genre d'attitude. Les pauvres n'ont pas besoin qu'on leur lave les pieds mais qu'on les accompagne dans leur démarche de libération et de renversement de pouvoir.

C'est à dire exactement le contraire de ce qu'a fait Bergloglio en Argentine.

Les pauvres n'ont pas besoin de charité mais de justice... et la justice passe par le partage des richesses qui ne peut hélas parfois, voire souvent, ne se faire que par la révolution. Comme les riches, fussent-ils chrétiens, ne se laisseront pas faire et feront appel à la répression ces révolutions peuvent revêtir un caractère de violence que l'on s'empressera de mettre sur le dos des pauvres.

Gaillot regrette le retard de l'Eglise sur les "questions sociétales".

Mais si l'Eglise se montre ouverte aux questions sociales, elle se crispe sur les question sociétales, en particulier tout ce touche à la morale familiale et la sexualité face aux avancées de la science.
On se souvient de l'effet désastreux produit par l'encyclique "Humanae vitae" sur la régularisation des naissances, de Paul VI en 1968 !
Pourquoi cette focalisation sur la loi naturelle? Cette mobilisation massive récemment contre le mariage homosexuel ? Cette intransigeance quand est demandé le droit d'accès des femmes au sacerdoce, l'ordination de gens mariés, l'abrogation du célibat obligatoire pour les prêtres, l'accès à l'eucharistie pour les divorcés remariés... (1)

On peut dire que cela fait partie des questions subsidiaires, l'église qui se doit d'être au coté des pauvres a toujours condamné leurs mouvements d'émancipations quand ceux ci menaçaient par trop l'organisation sociale et le pouvoir de l'église.

Ne rêvons pas : le rôle du pape n'est pas d'abord spirituel mais de maintenir, grâce à sa formidable organisation, le pouvoir établi. Et si, pour que cela se fasse, il lui faut faire quelques concessions "sociétales", elle les fera.

L'Eglise prêche le respect des pauvres et la limitation de l'extrême pauvreté, juste ce qu'il faut pour qu'il n'y ait pas de révolte. En ce sens le pape actuel peut être un excellent outil entre les mains d'un capitalisme qui a besoin d'une idéologie de soumission. Mgr Gaillot, malgré toute sa bonne volonté, est et restera un homme d'église qui ne veut que la transformation de l'église pour son plus grand rayonnement...

Le message évangélique lui, est sans église. 

Maryvonne Leray

Commentaires

  1. lire la réplique d'Oscar Fortin:
    http://www.communcommune.com/article-l-eglise-et-les-pauvres-116363779.html

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  2. ça relève de la farce... mais ça dévoile très bien de quel bord est Oscar Fortin ...

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    1. ce monsieur parle comme un pape : il sait, lui, le vrai et le faux, et il prétend connaître les intentions de l'auteure sans faire, lui, de procès d'intention : un vrai jésuite !

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  3. Oscar Fortin n'a pas l'air d'être très au clair... Il publie dans le grand soir et ne cesse de dire du bien de Chavez . IL se dit libre penseur mais il faut lire ses articles dithyrambiques sur le nouveau pape. comme je l'ai écrit ailleurs : rigolons.

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